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L'ECCLESIASTE ET LA GUILLOTINE 4

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L'ECCLÉSIASTE & LA GUILLOTINE

Morceaux choisis des « Annales Catholiques, ou suite des annales religieuses, politiques et littéraires », Tome troisième, Imp.-Libraire Chez Le Clere, Paris, M, DCC, XCVII, AN 5.


4. LES ONZE PRETRES

Parmi les victimes qui ont signé de leur sang le témoignage de leur foi, dans la révolution française, il en est peu qui méritent plus d'être distingués que les onze prêtres sur la mort desquels on nous a communiqué les détails suivants :
Dans les premiers jours de juillet 1792, sous le prétexte de contenir les montagnes du Vivarais, les départements du Gard et de l'Ardêche y envoyèrent des forces imposantes : ces troupes se répandirent dans le pays, et notamment dans une petite paroisse du diocèse d'Uzès, appelée Naves ; là y étaient à souper quelques prêtres, on se saisit d'eux, on les amène aux Vans, ainsi que ceux qu'on rencontrait sur la route. Ils étaient au nombre de onze ; on les charge d'outrages ; on les meurtrit de coups et on les jette dans une prison aux Vans, sur le refus souvent réitéré de prêter le serment de la constitution prétendue civile du clergé. Le lendemain de leur détention aux Vans, quelqu'un des janissaires leur proposa de s'évader : ils acceptent l'offre ; à peine sont-ils sortis, qu'on fait courir sur eux, en les chargeant des plus horribles imprécations. Ils se rendent ; on les conduit sur la principale place ; on les interpelle de prêter le serment, tous refusent avec le courage que la religion seule inspire. On les fait mettre à genoux, et s'adressant au plus âgé d'entre eux, M. Bravard, prêtre de la communauté de St.-Suplice, plus que septuagénaire, on leur demande de nouveau le serment. Ce vénérable vieillard tenait un livre à la main ; on le lui fait tomber par terre avec un coup de sabre : il le ramasse sans qu'il lui échappe un seul mot de plainte, et répond : « Je suis soumis aux lois civiles ; je ne puis prêter un serment contraire aux principes de la religion sainte, dont j'ai l'honneur d'être le ministre ; je mourrai en faisant des vœux pour le bonheur de la France, et surtout pour que le Seigneur ne lui enlève point le flambeau de la foi ».
M. le Jeune, son confrère ; M. Bonijols, chanoine d'Uzès ; M. Montagnon, prieur de Valubrix ; M. Clemenceau, curé de Nîmes ; M. Drome, vivaire de St.-Victor de la Côte ; le prieur-curé d'Arpuilharques, et trois autres prêtres, dont on a oublié le nom et le titre, sur la même réponse furent à l'instant immolés. Le lendemain, M. de la Bastide, aussi chanoine d'Uzès, qui avait échappé la veille à la fureur des assassins, tomba aussi sous leurs coups, près de la Joyeuse. Les jours suivants quelques autres eurent le même sort. Tels furent les préludes des horreurs dont la France devait se souiller dans la suite.
 
retranscription : Lamollesse
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